
Ce texte a été publié dans le numéro 138 de la revue Ecarts d’identité paru au premier semestre 2022
Dans un ouvrage publié en 2003 nous insistions sur la nécessité de « dépassionner sans désincarner » les débats sur la colonisation en général et sur la guerre d’Algérie en particulier[i]. Vingt ans après ce nécessaire travail [sans lequel le trauma colonial tend à se reproduire et dans certaines circonstances à s’exacerber] reste encore à accomplir. Le silence sur un trauma collectif [et donc aussi individuel] ou son euphémisation ne le font pas disparaître. Les appels à l’oubli et à « se tourner vers l’avenir » ne sont que des incantations vaines si ne sont pas réunies les conditions politiques du dépassement. Prendre au sérieux ces conditions suppose beaucoup plus que la logique, encore trop souvent dominante, des « torts partagés » et/ou des « mémoires contradictoires et/ou juxtaposées ». Cette prise de mesure des conditions politiques d’un dépassement nécessite, selon nous, de caractériser la séquence coloniale algérienne d’une part, de saisir ses effets et impacts sur les trajectoires personnelles sur la longue durée d’autre part et d’interroger les facteurs de reproduction du trauma hérité pour une troisième part.
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